Les océans en absorbant une partie du CO2 présent dans l’atmosphère contribuent à réguler le climat à l’échelle mondiale. En effet, un quart du gaz carbonique issu de la combustion des énergies fossiles est absorbé par les eaux marines de surface puis réparti dans toute la colonne d’eau, entrainé par les courants océaniques. L’absorption du CO2 par les océans s’opère grâce à
plusieurs processus : Avec le réchauffement climatique, les océans eux aussi se réchauffent, rendant plus difficile la dissolution du CO2 dans les mers. Si moins de CO2 est absorbé par l’océan, ce gaz à effet de serre va stagner dans l’atmosphère, ce qui accentuera d’autant le réchauffement de la planète. Entre 1990 et 2006, l’absorption du CO2 a temporairement diminué dans l’Atlantique Nord. Cela coïncide avec un ralentissement transitoire du « tapis
roulant » océanique, ces courants marins qui remontent des zones tropicales jusqu’aux régions polaires. Le programme Ovide, mené par l’Ifremer, a montré que le ralentissement du tapis roulant réduit la capacité naturelle de l'Atlantique subpolaire à piéger le CO2 atmosphérique dans l'océan.L’absorption du CO2 par l’océan, un phénomène physique et biologique
Quand l’océan peine à remplir son rôle de puits de
carbone…
Projet Ovide : étudier le transport du CO2 dans l’océan
Un des objectifs du projet OVIDE est de contribuer à documenter et comprendre l'origine de cette variabilité dans la circulation des masses d'eau au nord de l'Atlantique Nord, dans le contexte du changement climatique. Ce programme d'observation sur 10 ans des courants et des propriétés des masses d'eau du tourbillon subpolaire de l'Atlantique Nord réalise, tous les 2 ans depuis 2002, une centaine d’échantillons d'hydrographie le long d'une diagonale allant du Portugal au Groenland.
Le but est d’étudier :
- comment le CO2 et d’autres gaz à effet de serre sont transportés par l'océan et comment cela conditionne à moyen terme la capacité de stockage océanique du CO2
- la variabilité d'amplitude des courants dans l’Atlantique Nord
- les caractéristiques des masses d'eaux (température, salinité, oxygène dissous, sels nutritifs, etc.)
- la diversité des traceurs géochimiques d'origine naturelle et anthropique (polluants notamment) et leurs mouvements.
Dernière modification le 04/12/2015
Des chercheurs ont récemment mis à jour les courbes d’évolution du bilan énergétique de la Terre, le moteur fondamental des changements climatiques. Les résultats ont été publiés dans la revue Environmental Research: Climate le 4 juillet dernier.
Le bilan radiatif de la Terre n’est autre que le solde entre la quantité de rayonnement solaire qui entre dans le système climatique et la quantité de rayonnement infrarouge qui en sort. Lorsque ce solde est positif, de l’énergie s’accumule dans le système climatique, ce qui le réchauffe, et inversement lorsque ce solde est négatif.
Avec la révolution industrielle et les émissions croissantes de gaz à effet de serre par les activités humaines, la capacité de l’atmosphère à retenir la chaleur s’est accrue. Aussi, la quantité de rayonnement infrarouge sortant vers l’espace a diminué. Le bilan radiatif est donc positif, d’où l’accumulation de chaleur sur Terre concrétisée par le réchauffement global du climat.
Une distribution inégale de l’énergie dans le système climatique
Dans une étude récente, des chercheurs rappellent que cette énergie additionnelle évaluée à environ 1 W/m² entre 2005 et 2019 ne se répartit pas de façon homogène entre les différentes composantes du système climatique. En effet, seulement 1 % sert à réchauffer l’atmosphère tandis que 93 % fluent vers les océans qui, on le rappelle, couvrent les deux tiers de notre planète. Enfin, quelque 3 % servent à fondre les glaces et 4 % à réchauffer la surface des continents.
« Il est essentiel de comprendre le gain énergétique net, de combien et où la chaleur est redistribuée dans le système terrestre », notent les auteurs dans leur papier. Toutefois, « il n’est pas encore possible de mesurer directement le déséquilibre. La seule façon effective de l’estimer est par un inventaire des changements d’énergie », rapporte Kevin Trenberth, auteur principal de l’étude.
Grâce à l’étude des différentes composantes du système climatique sur la dernière vingtaine d’années, les chercheurs ont affiné les estimations précédentes. Pour l’heure, il reste cependant difficile de boucler le bilan entre les différents termes (océans, terres, glaces et atmosphère), en particulier en raison des divergences sur le contenu en chaleur des couches océaniques les plus profondes. Néanmoins, les scientifiques constatent des progrès grâce à l’amélioration des modèles et au renforcement des systèmes d’observations.
Le suivi du bilan énergétique de la Terre et sa déclinaison entre les différents réservoirs est une variable majeure en termes de surveillance du réchauffement climatique, bien plus que la mesure de la température moyenne mondiale. Il en effet question de garder un œil attentif sur le comportement du moteur même du changement climatique. Par conséquent, les avancées effectuées dans ce domaine sont d’une importance majeure.