Quel sera le climat en 2050 ?

Iran, Égypte, Yémen, Arabie Saoudite... d'ici 2050 ces zones pourraient devenir invivables pour les êtres humains selon des chercheurs de la NASA. Ils ont pris en compte à la fois l'indice de température de l'air mais aussi l'indice de température du "thermomètre mouillé". Ce dernier est particulièrement important car largement sous-estimé. S'il est trop élevé, l'humidité empêche la transpiration nécessaire pour se refroidir. À plus de 35°C, cela pourrait être fatal. 

Alors que le dernier rapport du GIEC a fixé au monde trois ans pour agir afin d’assurer un "avenir vivable", dans une note, la NASA a identifié les zones qui pourraient devenir inhabitables dès 2050, à cause du changement climatique. Pour cela, l’Agence spatiale s’est appuyée sur deux indices. Le premier, habituellement pris en compte, est le heat index, l’indice de chaleur, qui combine la température de l’air ambiant et l’humidité relative dans les zones ombragées. Le second est le wet bulbe, l’indice de température du "thermomètre mouillé". Ce dernier calcule la "température la plus basse à laquelle un objet peut se refroidir lorsque l’humidité s’en évapore".

Comme l’explique la NASA, à l’origine, le wet bulbe était mesuré en enroulant un chiffon humide autour du thermomètre et en l’exposant à l'air libre. Lorsque l’eau s’évaporait du tissu, le thermomètre enregistrait une baisse de température. "Plus l’humidité relative est élevée, moins il y a d’humidité évaporée", précise l’agence qui utilise désormais un équipement électronique fonctionnant avec les données satellites. Cet indice est crucial : si l’air ambiant est trop humide, le corps humain ne pourra pas évacuer l’humidité en transpirant et ne pourra donc pas se refroidir.

"Vous ne pouvez pas survivre pendant de longues périodes"

"Une fois que la température du wet bulbe dépasse 35 degrés, la transpiration ou tout autre comportement adaptatif ne suffit pas à ramener le corps à une température de fonctionnement sûre", a déclaré Colin Raymond, chercheur au California Institute of Technology et auteur principal de l’étude relayée par la Nasa. "Si vous êtes assis à l'ombre avec de l'eau potable illimitée dans la Vallée de la Mort en Californie, les conditions ne sont peut-être pas agréables, mais on peut y survivre. Mais dans les régions humides, dès que vous approchez des températures de 34 à 36 degrés, ce que vous faites n'a plus d'importance. Vous ne pouvez pas survivre pendant de longues périodes."

Pour l’instant, il est difficile de récolter des données précises car les endroits présentant des températures extrêmes sur l’indice du "thermomètre mouillé" sont les régions subtropicales, souvent dans des pays en développement qui possèdent très peu de stations météorologiques. La NASA a lancé une mission, nommée SBG, pour capter des données à plus haute résolution. En attendant, les modèles climatiques indiquent plusieurs régions susceptibles de dépasser ces températures dans les 30 à 50 prochaines années. 

Des records de plus en plus fréquents

Dès 2050, le sud de l’Asie, le golfe persique comme l’Iran ou le Koweït, les pays bordant la mer Rouge tel que l’Égypte, l’Arabie Saoudite, l’Éthiopie, la Somalie ou le Yémen, pourraient être touchés par des températures qui rendront ces zones invivables pour l’être humain. D’ici 2070, l’est de la Chine ou encore le Brésil seront concernés. Les États-Unis ne seraient pas non plus particulièrement épargnés. D’ici 50 ans, les États du Midwest comme l’Arkansas, le Missouri ou encore l’Iowa deviendraient eux aussi invivables. 

Quel sera le climat en 2050 ?

Carte montrant les journées les plus chaudes et humides de 1979 à 2017.

Au total, selon les chercheurs, depuis 2005, pendant de courtes périodes, à neuf reprises dans quelques endroits subtropicaux comme le Pakistan et le golfe persique, le "wet bulbe" a atteint un niveau supérieur à 35°C. Or, ces températures exceptionnelles semblent devenir plus fréquentes. "Les incidences de températures au "thermomètre mouillé" légèrement inférieures, comprises entre 32 et 35°C, ont plus que triplé au cours des 40 dernières années", analyse l'équipe de Colin Raymond.

Marina Fabre Soundron @fabre_marina 

À la veille de la Cop26, les scientifiques du CNRS font le point sur le changement climatique. Quels seront les impacts en France ? À quoi faut-il se préparer ? Quels sont les leviers d’action ?

C’est maintenant une certitude : le réchauffement climatique actuel est sans précédent depuis 2001 et il est sans retour. Nous entrons dans un nouveau monde dans lequel il y aura un impact très fort avec des vagues de chaleur, des pluies diluviennes, des sécheresses et une élévation du niveau de la mer. « Nous avons constaté un réchauffement de l’océan jusque 4 000 m de profondeur, entraînant la fonte des calottes glaciaires et une hausse du niveau de la mer estimée à 1 mètre en 2100 si on continue à ce rythme », explique Jean-Baptiste Sallée, océanographe au CNRS et « auteur principal » du dernier rapport du Giec.

Le réchauffement est plus rapide dans les zones tempérées

En France, l’augmentation de la température moyenne a atteint 2,3°C en 2020 contre 1,2°C au niveau mondial : « le réchauffement climatique n’est pas homogène sur la planète : la France et les régions tempérées sont bien au-dessus de la moyenne mondiale avec plus de 2°C, alors que les zones tropicales sont en dessous de la moyenne, environ 0,5°C », précise Joël Guiot, paléoclimatologue au CNRS et co-président du Groupe régional d’experts sur le climat de la région Sud.

Canicules, incendies de forêt et épisodes méditerranéens

Le sud de la France, et plus généralement tout le pourtour méditerranéen, est déjà impacté par la baisse des précipitations et des vagues de chaleur importantes : en 2019, la région PACA a connu des pics de températures inédits jusque 46°C, entraînant des feux de forêt et un indice de feu élevé. À l’avenir, les sécheresses seront plus intenses encore l’été, renforçant le risque de mégafeux semblables à ceux d’Australie et de Californie. En 2100, la végétation méditerranéenne s’étendra jusqu’au nord de Bordeaux.

Les épisodes de pluie intense ou « épisodes méditerranéens » seront plus fréquents et plus extrêmes : en 2020, la région a subi deux événements historiques avec des cumuls de précipitations exceptionnels de plus de 500 mm (soit 500 litres par mètre carré) en 24 heures. Ces pluies diluviennes sous forme de « lames d’eau » entraînent des crues dévastatrices et des glissements de terrain.

Les villes en surchauffe et les zones côtières sous la menace d’érosion et de submersion

Le climat des villes sera bouleversé, avec des épisodes de canicules accentués par le phénomène d’îlots de chaleur. « Les structures urbaines et l’occupation des sols impactent fortement les premières couches atmosphériques et créent un microclimat local, avec des conséquences importantes au niveau sanitaire et sur la surconsommation d’énergie », décrit Julia Hidalgo chargée de recherche au CNRS en climatologie urbaine. En 2050, Paris aura le climat proche de celui d’Istanbul aujourd’hui.

L’élévation du niveau de la mer, estimée à 1 mètre à l’horizon 2100, associée aux tempêtes ou grandes marées entraînera des phénomènes de submersions marines et des risques d’inondations plus importants dans les villes côtières. L’érosion des côtes sera très variable selon les profils géologiques : les falaises de la Manche voient déjà leur trait de côte reculer, tandis que les côtes sableuses de l’Ouest connaissent d’importants mouvements d’avancée ou de recul du littoral selon les zones.

Quel sera le climat en 2050 ?
Conséquences pour la France : carte des impacts observés ou à venir d’ici 2050 (ONERC)

Ne rien faire coûtera plus cher que d’agir pour le climat

Les aléas climatiques sont en nette augmentation sur l’ensemble du territoire : depuis 2001, 2 068 événements naturels dommageables ont été dénombrés en France (métropole et DOM), causant 30 875 morts et plus de 55 milliards d’euros rien qu’en dommages assurés (chiffres I4CE). Les inondations sont les événements les plus extrêmes les plus coûteux en vie humaine et en dégâts.

Dans les zones urbaines, différentes mesures sont possibles pour adapter l’urbanisme et le bâti : réintroduire des espaces d’eau et de végétation, réduire les surfaces artificielles, développer les techniques d’ombrage et la ventilation naturelle, utiliser des matériaux isolants, limiter les rejets de chaleur dus aux bâtiments, au trafic routier et à l’industrie.

Les outils de diagnostics, le partage de l’information et l’accès aux données climatiques seront indispensables pour mettre en place des aménagements adaptés. « C’est à l’échelle régionale que les effets du réchauffement climatique se font le plus ressentir et c’est à cette échelle qu’on peut créer des solutions innovantes d’adaptation et d’atténuation », explique Bruno Castelle, chercheur au CNRS.

Ces mesures pour limiter le changement climatique peuvent également générer des bénéfices sanitaires à court terme (réduction de la pollution atmosphérique, bruit…). Il sera essentiel de les expliquer afin d’impliquer très tôt les citoyens et pour une meilleure acceptabilité.

Les prochaines décennies auront une influence décisive sur la stabilisation du climat à venir. « Nous pouvons encore agir pour atténuer les impacts du réchauffement climatique en réduisant les émissions de gaz à effet de serre », martèlent les scientifiques. C’est tout l’enjeu de la prochaine COP26 à Glasgow.

Pour aller plus loin :

  • Quel climat en Europe en 2050 ? (CNRS)
  • Changement climatique, impacts en France (observatoire national sur les effets du réchauffement climatique ONERC) : Brochure sur Les impacts du changement climatique en France.
  • Les études climat du I4CE
  • Atlas interactif des informations climatiques mondiales et régionales (GIEC). Il comprend des observations des changements en cours et des projections de changements futurs.

Quel climat pour la Terre en 2050 ?

D'après les experts, d'ici la fin du siècle, la température sur Terre devrait prendre 1,5°C et la fréquence des épisodes de forte chaleur devrait être multipliée par quatre.

Où Pourra

Ce sera le cas du sud de l'Asie, du golfe Persique (Iran, Oman, Koweït), et des pays bordant la mer Rouge (Égypte, Arabie saoudite, Soudan, Éthiopie, Somalie, Yémen) dès 2050. L'est de la Chine, une partie de l'Asie du Sud et du Brésil devraient également dépasser régulièrement un indice wet bulb de 35 °C d'ici 2070.

Où sera la mer en 2050 ?

La Chine continentale, le Bangladesh, l'Inde, le Vietnam, l'Indonésie et la Thaïlande sont les pays qui abritent le plus grand nombre d'habitants qui seront sous le niveau annuel moyen des inondations côtières d'ici 2050.

Comment sera le monde en 2050 ?

La planète sera de plus en plus surpeuplée et ses habitants se concentreront dans les villes. Les technologies produiront davantage de richesses, mais il faudra tenir compte des inégalités et de la durabilité. La population mondiale atteindra 9,8 milliards de personnes en 2050 et se concentrera dans les villes[1].