Quand se situe le livre de boba fett

Quand se situe le livre de boba fett

Boba Fett dans la série "Le Livre de Boba Fett" - Lucasfilm - Disney

Le spin-off du "Mandalorian", consacré au légendaire chasseur de primes, a été la cible de violences critiques. Quelques jours après la diffusion de son dernier épisode, des spécialistes dressent le bilan.

Jusqu’à présent, Star Wars avait eu de la chance avec ses séries. Clone Wars (2003-2004) de Genndy Tartakovsky est considérée comme l’une des meilleures histoires de la saga. The Mandalorian(2019-) a été une bonne surprise après une troisième trilogie controversée. Et l’anime Visions (2021) a été salué pour sa beauté visuelle. Attendu par les fans depuis des années, voire des décennies, Le Livre de Boba Fett, qui dévoile le destin du personnage après Le Retour du Jedi, a pourtant unanimement déçu.

Au terme de la diffusion des sept épisodes du Livre de Boba Fett, le verdict des fans et des spécialistes est sans appel: la réalisation de Robert Rodriguez (qui signe trois épisodes sur sept) est plate et peu inspirée, le scénario inexistant signé Jon Favreau et les personnages creux. Et comble du paradoxe, les meilleurs épisodes sont ceux où Boba Fett laisse sa place au Mandalorian. Comme si le mutique chasseur de primes apparu dans L'Empire contre-attaque(1980) avait été complètement vampirisé par Disney.

"Le problème, c’est que George Lucas a créé des personnages absolument iconiques. À chaque fois qu’on essaye de dévoiler leur part secrète, le public qui avait fantasmé leur histoire est déçu", souligne Patrice Girod, ex-rédacteur en chef de feu Lucasfilm Magazine. "Boba Fett était le personnage le plus énigmatique de la saga. On ne savait rien de lui. Là, tout d’un coup, on nous raconte son histoire. Quelle que soit l’histoire racontée, elle ne va pas rentrer en adéquation avec les fantasmes qu’on a depuis plus de quarante ans. Mais elle plaît aux enfants, qui découvrent Star Wars avec cette série."

Pour cet éminent spécialiste de la saga, c’est surtout l’aspect "low-cost" du Livre de Boba Fett, loin de la qualité des films produits depuis 2015 par Disney, qui contribue à cet échec. "Pour une série, les budgets sont forcément réduits. Faire une série télé Star Wars toutes les semaines avec deux grosses scènes d’action et un budget limité, ce n’est pas facile. Le problème, ce n’est pas Robert Rodriguez", plaide Patrice Girod. "Il faut être un peu indulgent du fait que c’est une série TV. C’est une phase de test pour Disney. Ils vont s’adapter."

Absence de traitement

Les fans de la franchise regrettent une œuvre "plus proche du western que de la science-fiction". "C'est beaucoup moins ludique que de la science-fiction habituelle", estime Patrice Girod. "Ca manque aussi d'un contexte politique, et d'un enjeu. C'est souvent le problème des mauvais films. Il faut faire comprendre très vite au public quels sont les enjeux et qui est le personnage. Effectivement, dans Boba Fett, il n'y a pas un enjeu à part la prise de Mos Eisley. Il n'y a pas d'enjeux hors de Tatouine, de géopolitique de la galaxie."

Les spécialistes déplorent aussi l'absence de traitement du personnage, qui se révèle tour à tour parrain de la mafia, mercenaire repenti, chef de village et guerrier mystique. "Toutes ces casquettes auraient pu me convenir, si la série avait osé en choisir une avant de la développer pour faire progresser le personnage. En ressort un protagoniste confus, et des scènes qui le sont tout autant", juge Thibaut Claudel, narrative designer et auteur du livre Le Mythe Star Wars (Third Editions):

"On devine que Boba Fett n'est pas un enfant de chœur à chacune de ses apparitions, même dans Clone Wars, où il est à peine adolescent. Mais à la rigueur, s'il est devenu pacifiste, pourquoi pas? Pourquoi ne pas en faire le sujet de la série? Jon Favreau et Dave Filoni [directeur créatif exécutif chez Lucasfilm, NDLR] auraient pu construire cet arc sans trop de problèmes, mais ils ont visiblement refusé de faire un choix fort, et ont laissé le personnage voguer entre différentes personnalités. De peur de choquer? Pour capitaliser sur tout ce que les fans projettent sur ce personnage? La question demeure, mais elle explique mes problèmes avec la série, qui à mon sens, manque cruellement de consistance."

"Tout le monde a très peur"

Selon Patrice Girod, ce n'est pas uniquement une peur de choquer: "Disney ne s’est pas rendu compte à quel point les Star Wars sont complexes à réaliser. Tout le monde a très peur, parce que Disney a dépensé 4 milliards de dollars pour acquérir la licence. Ils se sentent un peu obligés d'utiliser les personnages de George Lucas. Tout le monde se rassure en recyclant Boba Fett ou les X-Wings, car ils estiment que George Lucas s’est planté avec la seconde trilogie. Mais on voit bien que le public n’est pas contre la créativité." Et l’ancien rédacteur en chef de Lucasfilm Magazine de poursuivre sa démonstration:

"On voit bien d’ailleurs qu’à chaque fois qu’ils reviennent vers George Lucas, ils se prennent un peu les pieds dans le tapis. Alors qu’on voit bien, avec The Mandalorian, que dès qu’ils créent leur propre mythologie, ça fonctionne. C’est l’univers de George Lucas, mais avec leurs propres personnages. Avec le temps, d’ici dix ans, ils vont s’éloigner de son héritage. Ils n’auront pas le choix. Ils ne pourront pas toujours raconter les mêmes histoires avec les mêmes personnages. Ils devront se libérer de ce carcan."

Ils ont commencé timidement à la faire: dans la deuxième saison du Mandalorian, l'armure de Boba Fett était détenue par Cobb Vanth (Timothy Olyphant), un personnage déjà apparu dans des romans dérivés de la saga. Certains fans ont émis l'idée qu'il aurait fallu lui confier le rôle du chasseur de primes. Bien que "satisfaisante", cette apparition n'avait pas d'autre vocation que d'être un "amuse-gueule", assure Thibaut Claudel:

"C'était un chouette moyen de faire monter la pression tout en récompensant les lecteurs de romans, mais je crois qu'on s'attendait toutes et tous à ce que l'armure revienne à son propriétaire légitime. Maintenant, il est certain qu'un personnage comme Cobb Vanth aurait pu vivre des aventures très différentes et peut-être moins calibrées que Boba lui-même."

L'aura de Boba Fett a-t-elle été décliné depuis que Disney a dévoilé sa vie et son visage? Les avis divergent. "Il faut souvent garder une part de mystère", insiste Patrice Girod. "Joe Johnston, qui aurait dû réaliser à l’origine le film sur Boba Fett, avait dit qu’il ne fallait pas dévoiler son visage et le laisser énigmatique. ​Temuera Morrison [qui jouait déjà le personnage dans L’Attaque des Clones, NDLR] est très bien, mais il ne correspond pas au Boba Fett des films. Il n’a pas la même morphologie."

Un changement radical accepté néanmoins par Thibaut Claudel: "Est-ce une mauvaise chose? La question me rappelle tous les débats qui ont entouré le personnage de Luke à la sortie des Derniers Jedi. Les personnages ont besoin d'évoluer, de muter et d'apprendre, pour rester pertinents. Un concept avec lequel les fans de Star Wars ont l'air d'avoir beaucoup de mal depuis quelques années. N'est-ce pas cet immobilisme qui finit par tuer les personnages, coincé entre une nécessité d'avancer et le besoin de rester des icônes intouchables?"

Suite ou fan fiction?

Dans un épisode de la sitcom Parks and Recreation, l'humoriste Patton Oswalt avait imaginé à quoi pourrait ressembler l'épisode VII de la saga, prédisant des années à l'avance la première scène du Livre de Boba Fett où le personnage sort de la gueule du Sarlacc qui l’avait dévoré dans Le Retour du Jedi. De quoi se demander si la faiblesse de la série ne tient pas aussi au fait qu'elle reste moins inventive qu'une simple fan fiction.

"Favreau et Filoni, pour ne citer qu'eux, semblent jouer de cette confusion et s'amusent à recréer des scènes, répliques ou situations imaginées par les fans depuis le début de The Mandalorian", estime Thibaut Claudel. "J'en ai pour preuve les nombreuses références à l'ancien Univers Étendu ou la rencontre entre des personnages de plusieurs époques, par exemple. Je ne pense pas que ça soit un mal en soit, mais il faut que ça débouche sur quelque chose de pertinent."

Et d'ajouter, un peu amer: "Et effectivement, quand le retour de Boba Fett paraît à peine plus inspiré que la description qu'en faisait Oswalt dans Parks and Recreation, on est en droit de se demander si les créateurs du Star Wars moderne ont encore l'ambition d'aller plus loin, de faire plus original. Mais on l'a vu avec Les Derniers Jedi: la surprise est une lame à double tranchant."

Même si Le Livre de Boba Fett a des allures de fan fiction (Jon Favreau l’a imaginé comme une suite officieuse du Retour du Jedi), il ne faut pas pour autant voir Jon Favreau et Dave Filoni comme les fossoyeurs de Star Wars. Ni comme ses sauveurs, d’ailleurs: "Le duo s'est retrouvé au bon endroit et au bon moment, mais leur sincérité et leur candeur à l'égard de Star Wars risque d'être instrumentalisée à outrance", poursuit Thibaut Claudel. Les nombreux spin-offs du Mandalorian en développement en sont un bon indicateur, estime-t-il.

Malgré la déception, les fans parviennent à trouver à la série quelques points positifs. Le Livre de Boba Fett permet de confirmer l'actrice Bryce Dallas Howard (Jurassic World) comme une réalisatrice de premier plan. "Ses épisodes de The Mandalorian comme du Livre de Boba Fett sont très homogènes. Ils fonctionnent bien", indique Patrice Girod. Elle pourrait constituer une excellente candidate pour réaliser un long-métrage de la saga.

"J'espère que Bryce Dallas Howard finira par avoir sa chance, d'autant qu'on voit apparaître une forme de style - très reconnaissable - dans chacun de ses épisodes", pointe Thibaut Claudel, avant de rappeler que "Kathleen Kennedy, la présidente de Lucasfilm, disait à une époque ne pas vouloir confier un film Star Wars à un réalisateur ou à une réalisatrice qui n'aurait pas fait ses marques sur un premier blockbuster."

Autre point positif du Livre de Boba Fett: guest star de luxe de la série, Din Djari, alias le Mandalorian, s’est imposé en seulement deux ans comme le personnage le plus fédérateur du Star Wars disneyen, estime Thibaut Claudel: "Son arrivée sur Disney+ à quelques jours du dernier opus d'une trilogie controversée lui donne des allures de messie."

Un coup de génie de Jon Favreau, s’enthousiasme Patrice Girod: "Il a surfé sur le personnage de Boba Fett pour créer son Mandalorian. Il lui a fait une armure incroyable, en s’appuyant sur la mythologie du ​​beskar [fer mandalorien, très résistant, NDLR]. On ne sait rien sur lui. Il retire peu son masque. Son histoire avec Grogu est assez émouvante." Tout se passe comme si le Mandalorian était un meilleur Boba Fett que Boba Fett. "Il n’y avait peut-être pas de série de Boba Fett à produire", conclut Patrice Girod. "Peut-être aurait-il fallu se contenter de poursuivre The Mandalorian."

Où se situe l'histoire de Boba Fett ?

Boba Fett se trouve dans le palais de Jabba le Hutt lorsque Luke Skywalker, la Princesse Leia et Chewbacca tentent d'extraire Han Solo de sa prison carbonique.

Quand se situe la série The Mandalorian ?

L'histoire se déroule cinq ans après Le Retour du Jedi et vingt-cinq ans avant Le Réveil de la Force et raconte les aventures d'un mercenaire mandalorien au-delà des territoires contrôlés par la Nouvelle République.

Est

Boba Fett, de son nom de code Alpha à sa création, était un clone non altéré du chasseur de primes Jango Fett, un Mandalorien qui fut le modèle génétique des soldats clones de la République Galactique.

Quel âge a Boba Fett dans Le Livre de Boba Fett ?

Pendant les événements du Livre de Boba Fett, le chasseur de primes titulaire est estimé à environ 41 ans.